Elle exerce un métier peu connu du grand public. Depuis près de 20 ans, Anne Bougaran effectue le cannage et le rempaillage des chaises, fauteuils ou encore banquettes.
Originaire du sud de la France, celle qui se fait appeler Anne ou Ann’Paille par ses clients a récemment installé son atelier sur la commune de Sérent (Morbihan). À l’intérieur de celui-ci, Anne exerce « un métier passion, mais dur physiquement qui demande une certaine endurance. »
Installée à Sérent, Anne exerce un métier rare
Exercer un métier manuel, Anne en rêvait depuis son plus jeune âge. « Quand j’étais petite, mes cousins et mon frère pouvaient entrer dans l’atelier de mon grand-père pour y bricoler. Moi, je n’avais pas le droit étant une fille », se souvient celle qui adore bricoler. « Cela me démangeait de faire quelque chose avec mes mains. »
La naissance de sa fille a été un déclic. Ne voulant pas vivre « un cauchemar » en retournant en entreprise, Anne s’est alors lancée à la quête d’un nouveau métier. « Un jour, j’ai pensé au cannage. Je me suis aperçu que c’était super rare. J’ai donc commencé à m’y intéresser. »
Je me suis formée avec des rempailleurs. Cela m’a permis d’apprendre les bases du métier et les techniques de rempaillage et de cannage. Ce métier m’a plu tout de suite, ça a été dur, mais je voulais absolument le faire.

Patience, précision, exigence…
Formée, Anne met ses compétences au service ses clients depuis la création de son atelier en 2006. Et, pour parvenir au résultat attendu, l’artisane ne compte pas ses heures. « Au début, je mettais un temps infini à faire une chaise pour que ça soit parfait », se souvient-elle.
Selon le travail à effectuer, le temps nécessaire est plus ou moins important. « Pour une chaise avec une petite assise, il faut compter une journée de travail. Selon la complexité, le temps nécessaire est plus important », fait savoir celle qui utilise ses mains pour travailler, mais aussi « des outils préhistoriques. »
Pour la réalisation du paillage avec de la paille d’herbe ou de seigle, « c’est important d’être vraiment attentif », explique celle qui adore se lancer des défis avant d’ajouter : « La patience, la précision et le fait d’être exigeant avec soi-même sont des qualités pour exercer ce métier », indique celle qui accorde beaucoup d’importance à la relation avec les clients. « Être réactif aux attentes des clients est important. »
Dans des métiers comme celui-ci, si on n’est pas exigeant, on ne peut pas justifier le coût. Chercher à atteindre la perfection est important.
Des difficultés pour trouver de la matière
Si elle ne montre pas d’inquiétudes quant à l’avenir, Anne espère pouvoir continuer de compter sur ses fournisseurs. « Ils sont peu nombreux et les coûts ont fortement augmenté », explique-t-elle. Et, certaines matières deviennent de plus en plus rares. « Trouver de la paille de seigle devient difficile », précise-t-elle.
Aujourd’hui, les rempailleurs ne sont plus nombreux. Il ne serait plus qu’une centaine à exercer en France. « Les rempailleurs n’ont pas disparu par hasard », informe celle qui a passé ses vacances dans le Morbihan durant son enfance. « Cela implique de travailler énormément pour réussir à vivre », concède celle qui ne peut qu’avoir le sourire quand les clients sont reconnaissants pour le travail effectué.
Elle ouvre les portes de son atelier
Ayant pignon sur rue, Anne a la volonté de faire découvrir son métier confidentiel, méconnu du grand public. A l’occasion de la deuxième édition Journées nationales de la réparation, elle ouvrira les portes de son atelier les 18 et 19 octobre 2024.
Une belle occasion de découvrir son travail.